Cette photo de levé de soleil je l’ai prise parce qu’elle fige le moment de la journée que je préfère, l’heure bleue.
Je suis toujours émue du moment qui précède les premières rayons. La lumière bleutée, le calme plat, une nouvelle page blanche à écrire qui s’annonce. Et d’un coup on est éblouit. La lumière, la chaleur.
J’ai du mal à expliquer ce que ça me fait à l’intérieur, et j’ai souvent eu quelques rires moqueurs, quand face à ce spectacle , je répète en boucle à mes ami.e.s, la larme à l’oeil, que lors de cet instant tout me semble possible, que j’ai l’impression de faire partie du tout, et en même temps d’être un p’tit grain de sable au milieu d’un truc qui me dépasse complètement. Me sentir seule et à la fois à la place dans cet environnement.
Une envie de foncer et un sentiment de grand calme et de sérénité. Un élan de vie fort et une anxiété latente.
Des mouvements qui semblent opposés mais qui évoque finalement je crois les contradictions inévitables que l’on a tous et toutes à l’intérieur de soi. Ça peut paraître instable et incohérent, mais au contraire je pense comme Jung que c’est dans la contradiction que jaillit la vie et l’énergie. Je peux me sentir abattue puis puissante, seule puis très entourée, émerveillée par ce monde puis désespérée. C’est déroutant, parfois épuisant, mais sans contradictions, sans conflit à l’intérieur, c’est la mort.
Ce qui nous rend vivant il me semble c’est notre capacité à être en mouvement perpétuel, à chercher des solutions apaisantes, à imaginer ce qui serait mieux ou plus vibrant.
L’heure bleue est un moment silencieux et ténu, mais il est toujours suivi d’un flash de lumière éblouissant. Comme à l’intérieur, tous les opposés sont là et coexistent, le calme et la tempête, la clairvoyance et la pénombre, le doux et l’amer. Le tout et le rien.